lundi 30 novembre 2015

L'entrée dans le bassin amazonien, Puerto Maldonado ou la Gueule du Loup

Fini les montagnes ! Cap sur la Bolivie... et par la jungle ! C'est un type d'environnement qui nous tient à cœur de découvrir avec Victor alors on s'est dit que ça pouvait être sympa d'allier le trajet avec découverte du basin amazonien, région de Madre de Dios au Pérou puis le Béni en Bolivie. 
Le voyage c'est aussi le trajet, il faut profiter de chaque kilomètre parcourus... quitte à en rajouter !

Cusco, lundi soir au terminal de bus : pas de bus pour Puerto maldonado. En cause : une grève des mineurs et l'industrie forestière ! On est dégoutté, cette nouvelle risque de compromettre notre idée ! Après s’être renseigné, on embarque finalement dans une voiture vers 10h du soir qui nous mène dans le première ville du bassin amazonien, Mazuko ! On se dit qu'il faut tenter ! Le trajet est malheureusement de nuit mais on peut sentir le changement radical de climat. On perd presque 4000 m d'altitude en 2 heures, les arbres et la végétation sont présents partout, il fait tout d'un coup chaud et humide, il pleut fort 5 minutes puis plus rien !

A Mazuko.
Le lendemain à Mazuko, c'est effectivement bien la grève ! Merde ! La route pour Puerto Maldonado, ville capitale de la région Madre de Dios, est apparemment bloquée. Il serait plus simple de traverser la nuit, tout un tas de passeurs profiterais de la situation pour proposer des trajets sur les tronçons non-bloqués ! En fait, la raison du mouvement vient à la base d'une idée intelligente de l'état en faveur de l’environnement : limiter l'usage de produits chimiques dans l'industrie minière qui polluent les eaux et limiter également la coupe de bois illégale ! Cependant les premiers affectés sont toujours les moins riches, et ceux ci manifestent pour pouvoir gagner leur morceau de pain ! Conflit socio-environnemental comme il y en a souvent dans ces régions !



Le soir venu, on décide de se lancer dans cette course folle, vraiment très folle, une expérience sans précédent.  Chargés comme des buffles, on s'attaque donc à avancer sur les morceaux de route non bloqués en voiture... et marcher entre les barrages des grévistes ! C'est une rude étape, nombre de personnes sont affectées, des anciens, des familles. Ils tentent tous le passage, ils n'ont pas le choix. Les gréviste sont plutôt excités, ils jettent des pierres sur ces taxis, ils leur crèvent les pneus, ils rodent à moto... mais ils ne font rien au civils qui passe à pied !
L'ambiance est tout à fait tendue, des arbres coupés et disposés en travers de la route empêchent toutes possibilités de passage... aucune photos à l'appui compte tenue de la situation quelque peu compliquée ! c'est bien souvent le rush aux abord des barrages !  

Bon on se dit qu'on a peut être fait une grosse connerie, mais maintenant qu'on est la, il faut terminer. Il est 2h du mat et il ne reste plus qu'une soixantaine de kil' ! Les mineurs crient : "No queremos de esos gringos" quand on  passe à proximité, on accélère le pas. On fait des pause et il n'est plus possible de suivre le groupe avec lequel on est, c'est trop lourd ! La fatigue nous prend, on n'a pas mangé. Heureusement Victor possédait une boite de sardine Titus dans son cockpit de parapente, sorte de sardines de secours qui peuvent s'avérer utiles de temps en temps ! La c'est clairement le cas ! On se fait donc les Titus vers 3h du mat' sur le bord de la route, sous cette pleine lune, des lucioles pleins les champs, des bruits qui hantent la jungle et les cris des grévistes au loin ! C'est une belle nuit amazonienne dira-t-on ! 
Puis le reste du chemin alterne entre somme au bord de la route puis quelques pas en direction de Maldonado ! Enfin, une aubaine, un taxi nous chope et nous mène.... dans la Gueule du Loup !



Effectivement Puerto Madonado c'est la Gueule du Loup. Tout est paralysé, rien n'est ouvert, la ville est en état de guerre... des pneus brûlent dans les rues, tous les déchets sont laissés sur la chaussé, les rues sont vides la journée ! Et surtout, contrairement à ce qu'on nous as dit, la route allant coté bolivien est également bloquée : pas question de refaire la même aventure pour les 300 kilomètres nous séparant de la frontière ! Et merde !

Le marché paralysé.
Malgré tout, cette ville est assez agréable. La jungle est un autre monde, ca a quelque chose de très cool, les gens sont tellement tranquilles. Le mot d'ordre est pas de stress ! 
On se ballade avec Rolando, le garçon de l’hôtel, dans la vieille ville, au bord du fleuve Madre de Dios, énormément large d'ailleurs... et apparemment plein de Piranhas ! On en profite pour se renseigner pour s'échapper de la ville, l'un des moyens étant de passer par voie fluviale jusqu'à la frontière ! On donne notre numéro à des mecs qui le note avec un bâton sur le sol ! haha ! Aucun espoir ! Tout est si lent de toute manière : "Quand est-ce que part ce bateau, svp ? ", "Dans une ou deux semaines, on sait pas trop encore !". 








La vieille ville, en bas.




Partie de volley improvisée !



Bref, Maldonado nous a complètement mangé ! On s'adapte au rythme, c'est cool quand même ! Enfin on retrouve Giedrius, un lituanien et le seul européen qu'on a croisé la bas d'ailleurs, qui, lui, est remonté comme une horloge et déterminé à s'en aller ! Il a déjà loupé un premier avion depuis le Brésil pour Rio ou il devait aller finir son voyage ! Maintenant le second, qui le ramènerait en Europe est dans 5 jours depuis Rio !!
Finalement, grâce à sa motivation et après avoir attroupé plusieurs personnes désirant s'échapper également, on parvient enfin à choper un bateau pour la Bolivie, et ça nous revient pas si cher que ça ! Un bien dans un mal, car c'est une idée qu'on avait eu de passer en Bolivie par voie fluviale ! C'est donc la Grande Échappée, de Maldonado et du Pérou par la même occasion ! 

Sur le départ avec Rolando !




La joie de partir... enfin !


Río Madre de Dios.




Quatre heures de barque à moteur sur le Rio Madre de Dios et vient Puerto Chive, première ville bolivienne ! Ça y est, l’Amazonie dans un contexte normal ! Repas en compagnie de sauterelles géantes, que Victor ne tarde pas de commencer de dompter d'ailleurs!